Récession ou régression ? Une litanie ou poème sur la Liberté...


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Depuis cet été, un amoncellement de sommets européens et de réunions politiques, tous plus indispensables et ridicules à la fois, vu leur nombre et leur inefficacité additionnés, ont fini par noyer l’Europe dans un sentiment de morosité et de récession. On vit un tsunami tragico-comique où l’effondrement des diagrammes boursiers crée une vague effervescente et brinquebalante d’euros aussitôt vus et aussitôt disparus ! Mais bien sûr pas pour tout le monde…

Devant cette catastrophe et l’immense responsabilité de tous les mécanos de cette construction shadokienne, on constate que certains politiques, loin de réfléchir et de proposer de nouvelles voies salutaires pour tous, enfoncent le clou de la grisaille ambiante en dénonçant, dans l’ignorance hautaine de cette cruelle réalité politico-financière, certains projets de lois touchant à des évolutions de mœurs. Bien mieux, ils s’arqueboutent sur l’espace de la vertu, telles des rosières fin XIX°s., en proposant de nouvelles réglementations débiles qui n’ont rien à voir avec les équilibres financiers mais tout à craindre d’une nouvelle morale sauce famille autour des questions de sexe et de société.

Dans tout ce fatras nous perdons de vue les points essentiels fondateurs de nos constitutions occidentales. Que devient en effet le mot de « Liberté », lui qui figure au fronton de notre République, avec ceux d’Égalité et de Fraternité ? On ne prend pas assez de temps pour réfléchir sur le sens de ces mots, et sur le sens et connotations que chacun d’entre eux a pu revêtir selon les époques.

Aujourd’hui cette notion de Liberté me semble bien lézardée et menacée par tout un ensemble d’hommes et de femmes de différents bords qui, ne pouvant trouver d’idées originales et novatrices pour sortir de la crise financière européenne et mondiale, s’attachent à développer une nouvelle morale comme un piètre succédané pour cacher leur incompétence. Le tout dans une couleur chrétienne passéiste et sournoise, qui n’ose pas dire son nom et qui oublie volontairement le canon démocratique essentiel : celui de la séparation des églises et de l’État !

On condamne le projet de mariage gay, comme l’homoparentalité, et on est presque à un pas de la condamnation de l’homosexualité elle-même, on passe à la trappe, car trop dérangeant, le problème de l’accès à la sexualité des personnes handicapées, on ignore que devant certaines maladies des hommes et des femmes veulent mettre fin librement à leurs jours pour partir dans la dignité, on s’agite devant la prostitution pour sacraliser en quelque sorte le corps qui ne devrait jamais se vendre, alors que la prostitution féminine et masculine se perd dans la nuit des temps et correspond à un besoin que l’humanité n’a jamais pu assujettir !

Pourquoi le ferait-elle d’ailleurs, car, mis à part une prostitution forcée et criminelle, la prostitution libre n’a jamais gêné personne et devrait être respectée et aménagée comme dans les Eros Center Allemands, et pas seulement prise en compte par le Trésor Public français…Si l’on va jusqu’au bout de ce raisonnement qui condamne le corps qui se vend, on ne devrait plus voir non plus de modèles déshabillés sur les magazines et de films X… C’est oublier aussi que les ressorts publicitaires dans le monde entier, comme ceux de beaucoup de films et de séries télévisées, basent leurs réussites sur ce corps prôné et mis à nu, répondant en cela au goût du public lui-même et à ses habitudes sociétales prises via le net notamment depuis ces dernières années.

Les dérives autour de certaines affaires judicaires, qui ont défrayé récemment la chronique, sont bien instructives à leur tour : on remarque que le voyeurisme teinté de moralité, même si le délit est abandonné ou classé, continue à empoisonner la vie de telle ou telle personne qui est devenue le mouton noir de nos contemporains. Pourquoi cette insistance à s’occuper de la vie d’autrui ? Dans le fond, le prétendu « accusé » et ses censeurs se ressemblent bien, on pourrait presque voir dans ces déferlements de révélations un goût ou une fascination pour les pratiques dénoncées. Toute la société développe depuis des décennies une philosophie de la tentation qu’il serait bien naïf aujourd’hui de ne pas vouloir comprendre ou feindre d’ignorer.

Afin de défendre ce qui est perdu de vue, c'est-à-dire notre Liberté, car à travers tous ces procès d’intention c’est bien à nos libertés essentielles que l’on veut s’en prendre, il est peut-être nécessaire de reformuler l’évidence et de s’attacher à redessiner les contours de cette Liberté devenue floue à force d’être reléguée derrière de faux problèmes financiers, de fausses postures et de malveillantes opinions.


Litanie de la Liberté

La liberté ne se mesure pas,
Ne se commente pas,
Ne se censure pas,
Ne se limite pas sauf devant la liberté et droits d’autrui,
Ne se condamne pas,
Ne se cache pas derrière un autre droit,
La liberté n’a pas un visage d’or reflétant nos espoirs religieux,
La liberté ne sert pas de vertu ou de ceinture de chasteté,
Elle ne sert pas d’alibi à ceux qui refusent de goûter à leurs libertés,
La liberté peut avoir une sale gueule, elle reste la liberté,
Elle a le goût de nos rêves et celui de l’amertume,
Le goût du remords et des regrets,
Elle a le goût de la sagesse comme de la folie,
Le goût des livres et de la poésie,
Elle a la forme des alphabets passés, présents et à venir,
Elle ressemble à la silhouette des peuples comme de l’être aimé,
Elle est notre corps et notre sexualité, nos ambitions et nos échecs,
Elle est l’ombre surdimensionnée de nos vies,
Et le soleil inexplicable,
Elle est acide et sucrée, réelle comme le bras d’un ami, absente,
La liberté est le moteur du monde, le souffle des aurores, les horizons de pastels bleus,
La grisaille des avenues sans âme,
Et le tableau jamais terminé.




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